dimanche 6 mars 2022

#2

Cette terrifiante habileté modérément humaine, cette fâcheuse tendance à réclamer l'infinie blancheur, la prétendue brillance, l'apparence aseptisée des promenades fortuites et sociales.

Cette espérance dans le fait de vouloir plaire, de vouloir s'accommoder, cette addiction à la blanchâtre saumure de l'être.

On naît par des défauts de l'âme, par des sursauts lubriques, par des échappatoires a la sacro-sainte bien-pensante conformité du coeur et de la philosophie, pour se retrouver, tôt ou tard, à baigner dans cette même zouaverie, dans cette même fange qu'on abhorrait.

On fuit une dictature pour se complaire dans son reflet et finir par dispenser ses maladifs versets. L'ouroboros est un quotidien pamphlétaire dans lequel on se noie avec une sérénité sans égal.

Qu'est-il donc advenu de la fougue juvénile ?
De l'apanage glorieux d'un refus de la servilité ?

Le meilleur ami et le plus dur ennemi sont la même et unique personne, l'ami commun dont on loue la fréquentation.
Stupre et luxure ont eu raison de l'affligeante mollesse qui habite ces terroirs tenus qu'on aime nommer comme rudimentaires.
Le fiacre de la banalité est en route et l'on se bat pour en tirer les rênes.

À l'absence de héros convenus je lève ma bouteille, et tire une odieuse révérence envers cet ersatz de satiété. Je veux de la viande.

Donnez-moi mon prochain que je l'engloutisse.

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