mercredi 15 novembre 2023

#3

De tous les malheurs qui peuvent provoquer l'éveil d'une âme maudite.

Le damné repos fut inachevé, par une énième provocation, impromptue et impropre, de l'agitation sournoise de l'illuminée Sybille.

Et c'est ainsi, les pieds qui tanguent et dans les vapeurs acides d'une éternelle flottaison, que l'audacieuse destinée me guide.

On aime à croire que les cieux nous sortent du lit avant l'Aurore, pour profiter pleinement de la blème prima lux d'un jour nouveau, mais on néglige d'imaginer que c'est cette nouvelle lune qui tient à faire admirer sa venue féconde.

Et l'on se traîne, au milieu du roulis des bouteilles vides et des sulfures, dans cette vaste plaine rougeâtre des Enfers, vers cette fenêtre blème.

Et, dans un concert silencieux des larmes inaudibles macchabéennes, on scrute le drapé noir, à la recherche de l'astre invisible.

Le glas d'un réveil nécessaire pour contempler l'absence de tout et l'outrecuidance, l'effronterie, la vociférante logorrhée d'avant l'heure des hommes.

dimanche 6 mars 2022

#2

Cette terrifiante habileté modérément humaine, cette fâcheuse tendance à réclamer l'infinie blancheur, la prétendue brillance, l'apparence aseptisée des promenades fortuites et sociales.

Cette espérance dans le fait de vouloir plaire, de vouloir s'accommoder, cette addiction à la blanchâtre saumure de l'être.

On naît par des défauts de l'âme, par des sursauts lubriques, par des échappatoires a la sacro-sainte bien-pensante conformité du coeur et de la philosophie, pour se retrouver, tôt ou tard, à baigner dans cette même zouaverie, dans cette même fange qu'on abhorrait.

On fuit une dictature pour se complaire dans son reflet et finir par dispenser ses maladifs versets. L'ouroboros est un quotidien pamphlétaire dans lequel on se noie avec une sérénité sans égal.

Qu'est-il donc advenu de la fougue juvénile ?
De l'apanage glorieux d'un refus de la servilité ?

Le meilleur ami et le plus dur ennemi sont la même et unique personne, l'ami commun dont on loue la fréquentation.
Stupre et luxure ont eu raison de l'affligeante mollesse qui habite ces terroirs tenus qu'on aime nommer comme rudimentaires.
Le fiacre de la banalité est en route et l'on se bat pour en tirer les rênes.

À l'absence de héros convenus je lève ma bouteille, et tire une odieuse révérence envers cet ersatz de satiété. Je veux de la viande.

Donnez-moi mon prochain que je l'engloutisse.

mercredi 16 février 2022

#1

On ne cherche pas à se le représenter, préférant, de façon informelle et désintéressée, l'oublier sans y prêter la plus négligée des attentions, mais les affres des hommes, les vrais, ceux qui, au long des nuits et du temps, ont déchiré les âmes, ont commencé ce jour où, faute de la bravoure nécessaire pour continuer à vivre en voyageant, ils se sont posés, las, et décidèrent d'appeler sagesse cette absence de volonté.

Et c'est ainsi, dans une insipide prostration à la lueur d'un feu coutumier, qu'ils avaient choisi d'entretenir plutôt que leur opiniâtreté, que, chaque nuit, chaque moment opportun durant lequel les astres s'affichent pour guider les explorateurs, ils avaient délibérément choisi de les observer, immobiles, laissant ces célestes lueurs leurs cracher au visage cette immobilité qu'ils avaient enviée. Et de cette oisiveté permanente, de cette sédentarité qu'ils firent art de vivre, naîtrait, de la plus inexorable et malhonnête des manières, l'embryon de l'immorale mélancolie.

Car tout ce qui naît de l'oisiveté contribue à la renforcer.

Et tout rêve éperdu, toute pensée qu'on imagine féconde, tout royaume imaginaire, toute fantasque brume renfermant d'indicibles secrets, toute poussière onirique, créée dans l'abandon à sa paresse tend à glorifier cette posture de statue de sel sous le défilement du temps.

Et ainsi, aujourd'hui, dans notre ère chatoyante de sophistication, elle revêt l'aspect de cette mélancolie de l'âme, de ces exaltations insouciantes de parfums de plantes jamais senties, de paysages jamais observés ou de complaintes jamais écoutées, comme des échos ancestraux d'un mal de l'esprit jamais guéri, de réminiscences persistantes d'envies de luxure naturelle, de curiosité savante jamais assouvie, d'un trou dans l'égo, une blessure qui ne cicatrisera, à jamais.

lundi 2 novembre 2009

Just Focus

On m'a dit d'avoir confiance, allons y donc.

On m'a dit de ne pas me cacher, pourquoi pas.

Tchuss

samedi 21 février 2009

Devil's Shank

Parce que le réalisme est forcément brutal..

Car il est bien beau de vivre ses jours, encore et encore, à se mirer narcissiquement, puis à ouvrir ses fenêtres sur cette belle rosée printanière qui fait briller le visage des jeunes enfants, comme autant de petites étoiles que Dame Nature vient poser sur leur visage après les avoir recueillies toute la nuit.

Mais le monde, ce monde, n'est et ne doit être qu'une moisissure grossière, grouillante des vices sous jacents et des envies, d'un bord ou de l'autre, passionnées, sans limite, sans honte et sans regrets, cette boule ronde sur laquelle nos pieds courent, nos bouches crachent et nos mots enveniment. Car où va la poésie si on se plait à enfermer en nous, dans la plus délicate des boîtes de Pandore, tous ces sentiments vivaces et frais, alors qu'ils nous seraient grées de les laisser s'envoler et papillonner ici et là, exprimant notre amour d'une chose, ou notre mépris d'une autre.

Non, ce monde doit être terne, glauque et malfamé, qu'il soit sans ordre et sans disctinction, sans pudeur ni morale. Un immonde crachoir dans lequel on s'ébat, encore et encore, avec nous même et avec autrui. La main droite pour se faire jouïr et les yeux pour cajoler, et cesser de fantasmer sur tous ces oniriques présages de cette nature domptée, verte et chatoyante, dont l'herbe serait foulée par des pieds tenus et sautillants, accompagnant les rires étouffés de ces enfants.

Non, ce pré est obscure et mal abrité, la pluie et profonde et les nuages sont gris, et ainsi donc, dans cet environnement ouvert à toutes les detestabilités de l'âme, à toutes les corruptions et les souffrances, aux crachins grossiers qui nous font chier, ainsi doit on vooir le monde.

Comme cette énorme boule ronde qu'on tient en laisse,.

Parce que c'est là que naît la Poésie.