samedi 26 mai 2007

True or False

Du rêve à la réalité.

Ils avancaient, sereinement, le coeur pris de toutes ces déconvenues, de tous ces partages, les yeux chargés de toutes les richesses qu'il leur avait été donné de contempler. Jour, nuit, ils avaient accumulé dans eux mêmes des paysages de rares intensités, des mélodies à la saveur inextricable, de celles qu'on ne peut que vivre, paralysé, passivement, de sensations qui ne trichent pas, qu'on ne peut définir, qu'on ne peut retranscrire sans en dénaturer la forcé véritable.

La Porte était là, devant eux, elle se tenait, fière, imposante, attendant d'être ouverte, enfin.
Jamais son pas n'avait été foulé, jamais elle n'avait pu voir sa droiture se confronter au regard d'autrui, depuis des temps qu'on ne saurait calculer, imaginer.

Mais il est des actes pour lesquelles aucun doute n'est permis, pour lesquels la vérîté de la foi se doit de resplendir, se doit d'être dans chaque partie du coeur. La respiration doit être pure, sincère, intouchable, le doute non permis, non autorisé.

A ce stade il est blasphème que de ne pas être sûr.

Il se tourna vers elle et lui demanda si elle était sure d'elle, si sa foi était suffisamment forte, car il est des portes qu'on ne peut ouvrir seul, des portes qu'on doit s'assurer de ne pas imaginer.
Car il est des choses qui doivent pouvoir être partagées pour exister, pour ne pas être contenues en soi, sans jamais pouvoir les faire transiter dans le monde.

Elle s'interrogea sur sa foi, et de cette interrogation, tout était décidé.

Le doute, la peur, ou je ne sais quoi d'autres foulèrent son coeur, d'une marche qu'il n'est pas permis de stopper quand elle est lancée.

Elle ne vacillait pas encore que la Porte, fière, majestueuse, savait déjà qu'elle ne s'ouvrirait pas aujourd'hui.


En chacun de nous se tient le rêve et la réalité que l'on perçoit. Sa réalité, la réalité que l'on perçoit l'a rattrapé. La prétention, l'ironie, l'absence de sincérité, tous ces concepts s'imposaient en elle. Elle était souillée. Et l'apanage de ces sentiments, pour celui qui les vit, est de pouvoir le forcer à croire qu'il ne les vit pas, qu'ils n'existent pas.

Elle rebroussa donc chemin, prétentieuse, arrogante, si banalement humaine.
Il rebroussa donc chemin, sombrant dans l'inutilité la plus totale, le sentiment qu'on a quand on échoue si près du but.

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