mercredi 30 mai 2007

La Bète

5h51

J'aime pas me réveiller, je n'aime pas ça, pas du tout, car alors il est très dur de me rendormir.
J'appréhende, car je sais que les nuits durants lesquelles je me réveille sont liées au désespoir.
Et naturellement, à chacune de ses nuits je me lève..

Le jour se lève aussi, le soleil, les oiseaux, la fraîcheur, même rituel visible chaque jour.

Des fois, j'ai le besoin de le voir, des fois, je ne tiens pas, je ne veux pas, je sais que je souffrirai.

Une clope, vite.

Je connais par coeur ces moments, c'est dramatique, c'est bète.

Encore un crève-coeur où je pourrai m'arracher les cheveux par poignets, où tout se révèle noir, obscur.
Je retourne ma vie dans tous les sens, j'étire le monde qui m'entoure dans toutes ses probabilités, toutes ses directions possibles, et, encore une fois, j'en arrive aux mêmes choses.

Je redécouvre les mêmes évidences, et tout se ramène à cette solitude, cette putain de solitude étouffante et cernée d'inutile.

Je suis incompris, incompris dans mes pensées, dans mes envies, dans mes sens, je ne peux faire autrement qu'être moi même, je ne me force pas putain, vous m'entendez ?!

Je suis comme ça, et j'y peux rien, je suis comme ça, et, en étant comme ça, je me condamne.

Je me voue à la solitude, à l'indifférence, à l'incompréhension.
Je ne vois dans les regards que de la moquerie, du rejet, du cynisme.

Je ne suis pas parano, je vous emmerde, j'aspire à être autre chose qu'un phénomène de foire, que le type avec qui on cause pour triper cinq minutes, mais c'est là tout ce qui m'est offert.

"Waouh t'écris ? Waouh c'est space ! Waouh bon je te laisse, je vais faire mes courses."

Je vous emmerde, tous, je vous déteste.

Foutu monde dans lequel je n'ai pas ma place, dans lequel je ne peux pas trouver ma place.

Je voudrais me percer le coeur jusqu'à la mort, j'échappe à tous les rouages de ce monde, parce que je ne m'y sens pas à l'aise

"C'est ta faute, tu ne fais pas un effort !"

Je les emmerde ces efforts, vous ne comprenez pas ? c'est ainsi que je suis putain.
Forcé de se complaire, sans amitié, sans compréhension, sans partage.
Et je suis condamné, encore et toujours, condamné à me complaire dans ce que font les autres, mais sans le vivre de la même manière qu'eux, mais bien sur, je ferme ma gueule, je fais semblant .. Pourquoi faire genre ? Parce qu'ils ne pigeraient pas, parce qu'ils m'écouteraient cinq minutes, puis passeraient à autre chose, on n'essaie pas de me comprendre, de toute façon, on ne pourrait pas me comprendre, on m'imaginerait volontairement dans un trip, c'est marrant quelques temps, mais sinon où est le café ?

Je l'emmerde ce café, je l'emmerde ce monde, je fais tout pour m'y accrocher, mais je peux pas, je sature, c'est un miroir dans lequel je ne me reflète pas.

Et toujours ce même choix, je ferme ma gueule, je me lobotomise où bien j'assume.

J'ai passé des années à assumer, ça me gonfle, c'est voué à l'échec.
Ma vie, sur ce point, n'est qu'un immense échec, inquantifiable, démesuré, excessif.

Je suis condamné à périr comme j'ai vécu, dans l'indifférence et la compréhension, avec les mêmes regards vides autour de moi.

J'emmerde cette putain de vie qui n'est pas la mienne.

Ou est-ce que je dois aller putain ? Qu'est-ce que je dois faire ? Pourquoi j'ai pas de panneaux directionnels sur la route que j'aie emprunté ?!

Ca me fait chier, ça me fait putainement chier tout ça, ça rime à rien, je ne rime à rien, y'a nulle part où aller, y'a juste à se cacher, se cacher pour être soi même.

Mais pourquoi c'est comme ça ? J'ai plein d'exemples où les gens ont commencé ainsi, mais où ils ne sont pas restés seuls longtemps, mais moi, forcément, y'a personne.

"Tu ne laisses pas de place aux autres gens"

Ta gueule, les gens je ne les rejette pas moi, les gens se rejettent eux mêmes, les gens me fuient, les gens ne cherchent pas

"Tu fais ton illuminé, ça te fait triper de te croire que tout seul"

Non, j'ai horreur de ça, je ne peux plus supporter de le vivre, j'en ai ma claque, j'en ai marre de devoir aller rêver seul parce que personne ne pourrait partager mes rêves, de devoir me poser les questions que personne ne se pose, de devoir fermer ma gueule, et parler des mêmes choses que tout le monde parce que sinon on ne ferait même pas attention.

J'en ai ma claque de devoir me conformer, me censurer, me retenir, pour avoir de l'attention, j'en ai marre de devoir vivre comme tout le monde alors que ce n'est pas la vie à laquelle j'aspire

"Toute façon ce n'est pas non plus le monde auquel tu aspires"

Et toujours ces mêmes finalités, ces mêmes idées qui se bousculent, qui savent déjà qu'elles devraient se pointer à la fin de mon discours

L'inutilité, le non sens, tout ça se rue dans ma tête, dans mes pensées, y'a rien à faire, c'est une peine perdue, je ne suis qu'un gaspillage.

Je ne peux pas me battre parce que je n'ai personne contre qui me battre, à part contre un monde entier qui ne veut pas de moi, qui ne tolère pas les gens comme moi.

Toujours la seule issue qui émerge.

Si j'avais les couilles .. Un jour, j'aurai les couilles de poser un point d'exclamation à tout ça, un jour, j'arriverai à être assez furieux pour ça, et ce jour, enfin, je goûterai un éternel repos bien mérité.

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