mercredi 21 février 2007

9h15.
Une paire de baskets, un short, un tee shirt et une crampe à l'estomac. C'est parti.

Le temps est gris ce matin, quelques gouttes fraiches sur la gueule, ça réveille pas mal.
Les premières foulées sont les plus dures, ensuite le rythme vient.

Courir, courir, courir.

Se faire un putain de vide dans la caboche, à grands coups de pointe de vitesse.
Remonter les allées, remonter les rues, le visage tout humide du crachin du matin.
C'est une toute autre sensation, ne plus réfléchir, ne plus penser, juste sentir ses muscles, se serrer, se crisper, s'allonger, se détendre.
Tout devient mécanique, on ne distingue plus rien, on n'entend plus rien, on ne voit plus rien.
La seule chose distincte ce sont les battements du myocarde qui s'accélère à chaque portion de mètres parcourue..
S'arrêter ? Non, c'est pas encore le moment, y'a encore du jus, je dois continuer.
L'excès.
Sentir petit à petit les yeux qui échappent au contrôle, qui tournent dans le vide, prêts à se révulser, l'haleine complètement lâche, l'écume qui pointe à la comissure des lèvres, les genoux qui s'écartent, les mollets qui titubent, les pas ne sont plus surs.
C'est pas fini, pas encore.
On arrive à peine à distinguer la rue qu'on doit prendre pour revenir du bon coté, pas le temps de cogiter, tout se fait au feeling, à l'instinct.
- Je crois que c'est par là -
Une petite pensée qui s'échappe, un reste de lucidité pas encore brûlé parmi les graisses.

La fin est proche, ça se sent, dans chacune des cellules de mon corps de fumeur encrassé.
Dernier détour, la porte de l'appart, on ne marche pas, on court jusqu'à la fin.

Et là, enfin, la porte, la sortie, la libération du physique.
Complètement désseché, les mains sur les genoux, à cracher par terre tout ce surplus, toute cette excédence de mauvaises pensées.
Cette toux, qui n'en finit plus, la violente quinte qui te rappelle que t'as pas fait ça pour rien .. que ce n'était pas inutile..

Retrouver un souffle, une normalité, récupérer comme si on venait de courir après une chose qu'on avait perdu, et qu'on vient de retrouver ..

La pluie cesse..

Enfin

1 commentaire:

Unknown a dit…

Tu devrais écouter la musique d'Anouar Brahem.
Pourquoi pas son album " Conte de l'incroyable amour".
Sinon tous les autres sont bien.