"Tout va bien".
Les allées de Fitte sont calmes, la circulation est légère, en ce milieu d'après midi. Le temps est incroyablement doux. "On dirait l'automne.."
Un dernier virage, et je suis chez moi, tranquillement. "Oui, tout va bien".
La portée d'entrée dont la serrure coince un peu, le couloir mal éclairé, le double verrou de la porte. "Impeccable"
On jette le manteau en vrac, on balance ses pompes dans l'entrée, la porte, le salon.. chez soi. "Je trouve aussi que tout va vraiment bien."
On tâte le portable, on mate ..Tiens, un message.
Encore elle, tiens, elle est chez lui.
"Fallait s'en douter en même temps, ils sont bons amis.
- Oui mais toi aussi tu es un ami.
- Ouais .. mais sans doute pas le même"
Bref période d'air blasé, puis regard à la fenêtre, vue sur les quelques arbres du modeste parking qui illustre mon panorama, petit sourire.
"C'est pas grave après tout."
On se jette sur le lit, on regarde la chambre.
"La lumière est excellente.
- Je trouve aussi".
On tend le bras sur la table basse, on pousse le bol du petit dej, on chope le portable, on se décide à répondre.
Grand silence dans la pièce, juste troublé par le bip des touches..
[ T'as l'air en meilleur forme aujourd'hui ]
La veille elle avait pas pu venir, malade qu'elle disait être.
"C'est quand même fort possible, je ne vois pas pourquoi elle mentirait..
- Tu n'es quand même pas sur de ça.
- Ta gueule"
Etalé sur le lit, le regard dans le vide.. La veille, ouais, elle devait passer, mais elle m'avait dit sur msn qu'elle etait pas bien, et qu'elle allait se reposer au lit.
"Moi je dis qu'elle était chez lui, et qu'elle a dit tout ça pour que tu la laisses tranquille, elle avait pas envie de te voir, et elle voulait avoir la paix.
- Ouais mais .. pourquoi ne pas l'avoir dit dans ce cas ?
- Va savoir .. la pitié, la non-envie de se faire envoyer chier..
- ..."
Réponse du message.
[ Oui ça va mieux, etc ]
Réponse basique, le cynisme de mon message n'a même pas été remarqué..
" Et pourquoi elle a pas réagi alors ?
- Elle a même pas du s'apercevoir que c'etait ironique
- T'en es sur ?
- ...
- Peut être qu'elle l'a remarqué, mais qu'elle joue à ça en te prenant pour un con, pour que tu ne la fasses pas chier
- ...
- Et je te rappelle qu'hier, tu n'es sur de rien sur sa prétendue nécessité de se reposer
- .. je ne vois pas pourquoi elle mentirait
- Oui mais ... tu ne vois pas non plus pourquoi elle ne mentirait pas."
Me & Deno, Love Story
5 commentaires:
J’aime bien ce texte. Le style est clair, net. Ceci dit, je pense que, au vu du thème, le titre est peut être, un peu trop explicite… Il place ton cadre directement dans la paranoïa plutôt que de laisser une ouverture sur le doute. Des le départ, l’on sait que l’on va voir un moment presque psychotique face à une situation. Il est très difficile d’entrer en empathie, de suivre la progression interrogative, car tout est déjà défini par le titre. C’est dommage.
A moins bien sur, qu’il ne s’agisse d’une démarche littéraire particulière qui m’échappe. Dans ce cas là, peut être pourrais-tu me l’expliquer ?
Oui, c'est une démarche particulière, ça s'appelle :
"proposer aux gens de lire quelque chose sans se référer à des notions littéraires, sans chercher à décomposer sans s'éperdre à trouver des symboles de la sémantique courants en littérature"
Plus sérieusement, je travaille sur le transfert vers le lecteur dans la brutalité, dans l'indicible naturel, c'est comme ça, ça rentre ou ça ne rentre pas, point.
Maintenant, la préférence dans les auto-références envers des normes littéraires pédagogiques n'est peut être pas une bonne chose dans la lecture d'une chose, et, dans ce cas là, ce n'est pas moi qui ait un travail de clarté intérieur à effectuer :)
Il ne faut surtout pas que tu te sentes agressé comme ça cher D. Loin de remettre en cause ton texte, je cherchais juste à l’éclairer. Quant à ces fameuses « normes littéraires pédagogiques », je suis sure que je ne t’apprend rien, et te disant qu’il s’agit de mots définissant de façon large des concepts d’intentions, et sûrement pas d’un cadre littéraire fermé aux règles bien ancrées auxquelles il ne faut surtout pas déroger.
Bien loin de chercher « des symboles de la sémantique courants en littérature », dans chacun des textes que je peux lire, je me demandais si ton titre ne nuisait justement pas à cet « indicible naturel », car ton intention était claire. Mais, si je ne me trompe pas, la paranoïa étant rarement définie comme telle par celui qui en souffre, (le principe même de la psychose d’ailleurs), je m’interrogeais sur le pourquoi d’une telle définition qui pour moi, casse la dynamique de ce que tu as écrit. La « brutalité » même que tu cherches à transférer vers ton lecteur s’en trouve amoindrie par la définition par le titre. Bien sur, cela n’est que mon point de vue. Il ne s’agit en aucun cas de « préférence dans les autoréférences envers des normes littéraires pédagogiques », mais plutôt d’un commentaire d’une lectrice de tes textes, qui, de la même façon que tu arrives avec tes références présentes dans ton style d’écriture, arrive probablement avec les siennes au moment de la lecture.
Ne cherchant pas à effectuer un « travail de clarté intérieur » quant à mes références, car il me semble qu’il ne s’agit pas de cela ici, car il n’en n’est aucunement question, je me demandais pourquoi tu avais choisi de donner ce titre a ce texte. En clair, est ce que tu peux définir ton intention. Je ne demande qu’à être convaincue. ;)
Clarifions le clarifiable.
Ce blog est un exutoire. Je vis une chose, je l'écris, telle quelle, je ne cherche pas à faire dévier le chemin, qui va du sens au mot, par des reflexions, des questionnements logiques et un travail d'interprétation, je le livre brutalement, c'est un choix.
Concernant cette façon de faire, je reste ouvert aux critiques, mais, de par ce que j'essaie de faire, vos critiques (sans les critiquer à mon tour) n'ont pas vraiment lieues d'être. Je ne fais pas de recherches sur la réaction potentielle du lecteur, je ne crée pas de fiction, n'utilise aucun style réfléchi, je laisse aller, comme ça vient.
Là je suis d'accord, j'aurais du le signifier avant toute chose.
Maintenant :
"Pour toi écouter (et je dis même pas accepter, je dis écouter) une critique c'est pactiser avec le diable?"
Non, je tolère les critiques, si tant est que la nature de mon blog permet l'éventualité d'en avoir. Je parlerai plutôt d'avis. J'illustre ici l'idée d'un échange, mais pas un échange destiné à faire progresser la maturité d'auteur du blogger en question, ce serait plutôt un échange de manière de vivre les choses, à ceci près que je préfèrerai plus de naturel, et pas un pompeux discours bardé de normalisation de la pensée et du sentiment, quelque chose de purement, naturellement accessible.
"De plus je comprends pas la démarche d'ouvrir un blog si c'est pour ne pas accepter qu'il soit lu."
Je tolère qu'il soit lu, totalement.
"Moi je pense que dans ton délire, il y a plein de contradictions. T'aimerais que les gens adhère ou pas à ce que tu fais mais sans vouloir être méchant, pour le moment, c'est tellement brouillon dans tes intentions que tu ne leur en laisse même pas la possibilité."
Il n'y a pas, à proprement parler, possibilité d'adhérer ou non à la manière dont une personne vit une chose. [au passage, faudrait savoir si j'aimerai que les gens adhèrent, ou bien si je n'aimerai pas que mon blog soit lu]
Mais je tolère cette perspective, maintenant, j'espère recueillir quand même quelques personnes qui comprendront ce principe, et qui sauront s'en accomoder, en acceptant la forme d'échange que j'ai cité plus haut.
"Si le blog de Koz et le mien fonctionnent, et qu'on vit bien le fait d'exposer notre travail, c'est que l'on est ouvert aux gens qui nous lisent, que l'on accepte d'être faillible"
Il n'est pas possible d'être faillible dans la forme où je l'entends, autant pour le lecteur que celui qui commente que celui qui est l'auteur.
Voilà, je pense avoir été suffisamment compréhensible, je ne jette la pierre à personne, mais au moins, maintenant, je l'espère, j'ai fait comprendre ce que je cherchais en le faisant :)
D
Le sieur Pico nous a quitté, grand respect lui soit fait, et que sa route soit jallonnée de grands moments d'euphorie.
(je ne saurai trop lui conseiller d'aller porter sa bourriche sur les forums Artelio, ou sur La Peniche, où il rencontrera, avec un fort plaisir, d'autres gens comme lui, qui sont aussi intelligents, vifs d'esprit et ouverts que lui :)
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